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Le débarquement des Canadiens-français en juin 1944

vendredi 11 septembre 2009, par François Oxéant

« Je me souviens »

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Des soldats canadiens à l’entrée de Caen après le bombardement
Conseil Régional de Basse-Normandie à Caen

Le 6 juin 1944 débute la plus grande opération amphibie militaire de tous les temps au large des côtes normandes : au soir, 156 000 hommes auront pris pied sur le sol français. Dans les jours, puis les semaines suivants, des milliers d’autres venus des États-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne, de Belgique ou encore de Pologne, prendront part à la libération de la France. Si l’action ô combien symbolique des 177 Français libres du fameux Commando Kieffer demeure célèbre, on connaît moins en revanche celle de ces hommes pour qui le débarquement constitue également un retour aux racines : les Canadiens-français.

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La rue du Régiment de la Chaudière, à Bernières-sur-Mer
Photo : N. Prévost

Si le recrutement ne s’attire pas l’intérêt de la population québécoise, de jeunes hommes désireux de combattre pour la liberté s’engageront néanmoins dans les troupes royales canadiennes, certains à titre individuel dans des unités anglophones, d’autres rejoignant les régiments francophones comme le célèbre Régiment de La Chaudière, unité de milice fédérale créée en 1936 et mobilisée dès 1939. Pour tous ces garçons, l’assaut sur les plages normandes constitue un formidable symbole, celui du retour au pays de leurs ancêtres… Ce sera aussi une immense émotion pour les populations libérées par ces « Tommies » qui parlent français, et avec lesquels, bien souvent, ils se lieront d’amitié.

Ainsi, trois régiments francophones prendront part à la Bataille de Normandie : le Régiment de la Chaudière, le Régiment de Maisonneuve et le Régiment des Fusiliers du Mont-Royal.

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Insigne du Régiment de la Chaudière

Le Régiment de La Chaudière, dont les hommes seront surnommés les « Chauds », débarque le 6 juin vers 8h45 sur le secteur canadien de Juno et affronte la 716ème Division d’infanterie allemande, perdant au cours de la journée 120 hommes dont 15 tués. Durant tout le mois de juin les Chauds se battent sans répit aux alentours de Caen avant d’entreprendre le 4 juillet la reconquête, avec d’autres unités canadiennes, de l’aérodrome de Carpiquet, défendu notamment par la 12ème Division blindée de la Waffen SS « Hitlerjügend » et qui tombera le 9. Le 17, le Régiment, enregistrant de lourdes pertes, commence la reconquête des faubourgs Est de Caen, pénétrant dans la ville en ruines le 30. Victime d’une erreur de frappe aérienne américaine le 8 août, les Chauds participent à l’encerclement de la Poche de Falaise avant d’être transférés le 30 aux alentours de Rouen. Le Régiment participera par la suite à la libération de Boulogne et de Calais avant de poursuivre vers les Pays-Bas. À la fin de la guerre, il enregistre 212 tués et 793 blessés.

Le Régiment de Maisonneuve débarque début juillet et connaît son baptême du feu le 19 au sud de Caen, jusqu’au 23. À la fin du mois, le Régiment compte 70 morts et 350 blessés. Le 8 août, il participe notamment à l’opération "Totalize" et à l’opération "Tractable" dont l’objectif est de repousser les Allemands au sud de Falaise, avant de relever les Chauds au nord-ouest de cette ville. Le 21, le Régiment entreprend une course-poursuite contre l’ennemi puis entre dans Rouen le 1er septembre, recevant de la part des « cousins » normands un accueil des plus chaleureux. Par la suite, le Régiment prend la route de la Belgique, puis des Pays-Bas et de l’Allemagne où il combat jusqu’en mai 1945. Le Régiment totalise 214 tués et 778 blessés.

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Le cimetière canadien de Beny-sur-Mer, où sont enterrés plus de deux mille soldats
Photo : N. Prévost

Enfin, les Fusiliers du Mont-Royal, qui avaient par ailleurs pris part à la désastreuse bataille de Dieppe le 19 août 1942, débarquent le 7 juillet. Tout comme le Régiment de Maisonneuve, les fusiliers prennent part aux combats au sud de Caen le 19 ; le 25, ils attaquent Tilly la champagne, appuyés par des blindés. L’effort canadien dans cette zone s’intégrait dans un vaste plan allié : maintenant la pression sur les troupes blindées allemandes, les Canadiens, francophones comme anglophones, permirent la percée des Américains dans le sud Cotentin. Le 30 juillet, le Régiment relève celui de Maisonneuve avant de prendre part, lui aussi, le 7 août, aux opérations "Totalize" et "Tractable" en direction de Falaise, où il entre le 16 août et combat la « Hitlerjügend » jusqu’au surlendemain. Le 3 septembre, les Fusiliers Mont-Royal défilent à Dieppe sous les acclamations de la foule en l’honneur de leurs camarades tombés en 1942. 365 fusiliers auront été tués, 778 blessés.

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Le soldat René Corby du Régiment de la Chaudière
Conseil Régional de Basse-Normandie à Caen

Il convient toutefois de rappeler qu’une autre unité canadienne-française prit part à la Bataille de Normandie : le 4ème Régiment d’artillerie, dont les pertes s’élèveraient à 36 morts et 93 blessés. En incluant ceux engagés dans les unités anglophones, le sacrifice des Canadiens-français au cours du conflit s’élève donc à quelques milliers. Si ce sacrifice prend une dimension symbolique très forte, il ne doit pas faire oublier celui des 45 000 soldats canadiens anglophones auxquels nous devons tout autant notre liberté. Francophones ou anglophones, tous ont combattu des troupes fanatisées, comme la "12. SS Panzerdivision Hitlerjügend", dont les hommes, issus des Jeunesses Hitlériennes, n’avaient pour beaucoup pas 18 ans. Qui a dit « La première victime de la guerre est l’innocence » ?

Les soldats canadiens à Bernières-sur-Mer (Calvados) : la première maison libérée de France

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Photos : N. Prévost
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