L’Acadie est la « fille aînée de la francophonie du Canada et d’Amérique du Nord ». Jean-Bernard Robicheau |
- Les couleurs de l’Acadie
- Photo : N. Prévost
- Pierre Dugua de Mons, fondateur de l’Acadie en 1604
- La Poste
Première colonie française sur le continent américain, l’Acadie est fondée par Pierre du Gua de Mons en 1604 avec l’aide de Samuel de Champlain. Les Acadiens sont des Français majoritairement originaires de l’Ouest de la France. Ils font figure de pionniers en créant le premier établissement européen permanent en Amérique du Nord : Port-Royal. Mais, dès 1613, ils commencent à subir les attaques des Britanniques de Virginie, établis à cet endroit depuis 1607. C’est après le traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632 que commencent à arriver massivement les premières familles acadiennes. Les Acadiens commencent alors à défricher les terres et à pratiquer un début d’exploitation agricole. Mais une fois encore, les guerres européennes franco-britanniques ont leur conséquence en Acadie. Toutefois, le traité de Ryswick de 1688 confirme la souveraineté française sur l’Acadie.
Mais la paix est de courte durée. Après la guerre de succession d’Espagne qui débute en 1701, l’Acadie est cédée aux Anglais en 1713 lors du traité d’Utrecht, sauf l’île Saint-Jean (actuelle île du Prince-Édouard) et l’île Royale qui restent françaises. La France décide alors de bâtir une forteresse à Louisbourg sur l’île Royale. Toutefois, la guerre de succession d’Autriche éclate en Europe. Après un long siège, Louisbourg tombe aux mains des Anglais, mais est rendu à la France par le traité d’Aix-la-Chapelle de 1748.
- Pour se protéger de la menace anglaise après la cession de l’Acadie en 1713, les Français construisent le Fort Beauséjour dans la région de Beaubassin
- Photo : N. Prévost
Les Acadiens, vivant depuis 1713 sur un territoire rebaptisé « Nouvelle-Écosse » (Nova Scotia) par les Britanniques, espèrent que lors d’un nouveau traité, l’Acadie redeviendra française. Toutefois, les Acadiens, bien que très fidèles à leur culture française et à leur religion catholique, veulent avant tout la liberté et continuer à vivre sur leurs terres ancestrales. Les Anglais tentent sans succès d’obtenir un serment d’allégeance de la part des Acadiens, en particulier pour les faire renoncer à la religion catholique. Après avoir eu un temps le statut de neutral French , les Acadiens, Français et catholiques, sont perçus comme une menace par les Britanniques.
- Timbre de Postes Canada commémorant en 2005 le 250ème anniversaire du Grand Dérangement
- Postes Canada
À partir de 1755, les Acadiens sont massivement déportés par les Anglais sur ordre du gouverneur britannique Charles Lawrence et du colonel Robert Monckton. Les villages sont détruits, les maisons rasées, les terres confisquées et les familles séparées à jamais. Près de dix mille Acadiens ne reverront jamais ni leur patrie, ni leur famille. La déportation des Acadiens est un des plus importants mouvement de population en Amérique du Nord au XVIIIe siècle. Cette diaspora est connue aujourd’hui sous la sobre appellation de « Grand Dérangement ».
Beaucoup d’Acadiens sont envoyés en France mais aussi dans les colonies américaines où ils sont la plupart du temps très mal accueillis. Un groupe d’Acadiens prend aussi le chemin de la Louisiane. Après 1763 et la chute définitive de la Nouvelle-France avec le désastreux traité de Paris, certains Acadiens reviennent en Acadie originelle, mais leurs terres, qu’ils avaient défrichées et mises en valeur pendant plus d’un siècle, sont alors occupées par des colons britanniques. Les Acadiens s’installent alors majoritairement plus au Nord, près de la frontière avec le Québec, dans l’actuel Nouveau-Brunswick.
Pendant tout le XIXe siècle et jusqu’en 1960, les Acadiens luttent pour préserver leur héritage culturel. Contrairement aux Québécois, ils ne disposent pas d’une province canadienne à eux et n’ont donc pas leur propre gouvernement : ils sont majoritairement concentrés au Nord du Nouveau-Brunswick (où ils représentent un tiers de la population), mais aussi dispersés en Nouvelle-Écosse et dans l’Île du Prince-Édouard où ils sont une faible minorité.
En dépit de la proximité et de la langue commune française, l’identité acadienne est donc différente de l’identité québécoise. Elle est avant tout basée sur un événement fondateur : le traumatisme de la terrible déportation de 1755. |
- Les Indiens Micmacs, premières nations de l’Acadie, sont très vite devenus des amis des Français
- Archives Nationales du Québec
- Le monument Lefebvre, symbole de la reconnaissance des Acadiens au Père Lefebvre qui a fondé en 1864 le premier établissement de langue française dans la région du Canada Atlantique
- Photo : N. Prévost
- Dans son poème Évangéline, écrit au XIXème siècle, le poète américain Henry Longfellow restaure le souvenir de l’Acadie française
- Photo : N. Prévost
- De nombreux écrivains acadiens ont eu au XXème siècle un grand succès : c’est le cas d’Antonine Maillet avec son roman La Sagouine, célébré sur cette affiche de la ville de Bouctouche
- Photo : N. Prévost
- La ville de Caraquet, dans la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick, se veut la capitale de tous les Acadiens
- Photo : N. Prévost
- Phare de Grande-Anse Le phare de Grande-Anse, aux couleurs acadiennes, veille sur le présent et l’avenir du peuple acadien
- Photo : N. Prévost
Pour en savoir plus sur l’Acadie, vous pouvez consulter les sites internet suivants :
la Société Nationale de l’Acadie Cyberacadie Village historique acadien de Caraquet |
Adeline Vasquez-Parra, membre de notre association, a publié dans la revue Mosaïque, une passionnante étude sur le rôle de la Nouvelle-Angleterre dans la déportation des Acadiens (Grand-Dérangement, 1755-1763). Le texte est consultable en ligne en cliquant ici. Vous pouvez aussi lire son article sur le thème Identifier et intégrer les groupes non-anglophones dans la Nouvelle-Angleterre coloniale, en cliquant sur ce lien. Vous pouvez enfin lire son article sur le thème L’accueil des exilés acadiens suite au Grand-Dérangement dans la colonie du Massachusetts de 1755 à 1775, en cliquant sur ce lien. |