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Rapports moraux des Assemblées générales annuelles

jeudi 6 août 2015, par Nicolas Prévost

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Notre association tient tous les ans au printemps ou au début de l’été à Saint-Germain-en-Laye son Assemblée générale où est notamment établi le rapport moral. Voici les différents rapports moraux établis par notre président Nicolas Prévost depuis 2004.

Assemblée générale 2015

L’Hermione est repartie !
Après un chantier de 17 ans, L’Hermione, la frégate du général La Fayette, s’est élancée en mer au large de Rochefort le dimanche 7 septembre 2014, devant des dizaines de milliers de spectateurs. Prenant la direction de l’Île d’Aix, le bateau a été salué par un coup de canon et des acclamations lors de son passage devant l’arsenal de Rochefort. Le départ pour les États-Unis de cette reconstitution du bateau du « libérateur de l’Amérique » en 1780, a eu lieu le 18 avril 2015 du port de la Rochelle. Après une mise à l’honneur à New York pour la fête nationale américaine du 4 juillet et un salut à la Statue de la Liberté, L’Hermione est revenu en France après une escale à Lunenbourg au Canada et dans l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon. Le bateau est attendu pour août à Brest et à Bordeaux avant son retour à Rochefort pour la reprise des visites dès le 31 août 2015.

15ème Sommet de la Francophonie, à Dakar
Les 29 et 30 novembre s’est tenu à Dakar au Sénégal le 15ème Sommet de la Francophonie. Le thème de ce sommet était « Femmes et jeunes en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». Les chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation internationale de la Francophonie ont adopté la Déclaration de Dakar ainsi que neuf résolutions, et ont fixé à Madagascar l’organisation du 16ème Sommet en 2016.

Michaëlle Jean nouvelle secrétaire générale de la Francophonie
Le 30 novembre 2014, la Canadienne Michaëlle Jean a été désignée Secrétaire générale de la Francophonie, lors du sommet des chefs d’États et de gouvernements francophones à Dakar. Elle succède au Sénégalais Abdou Diouf qui occupait ce poste depuis 2003. Michaëlle Jean est née le 6 septembre 1957 à Port-au-Prince en Haïti. À l’âge de 10 ans, elle quitte le pays avec sa famille pour se réfugier au Québec. Elle devient journaliste et anime différentes émissions à la télévision canadienne, notamment le Téléjournal de Radio-Canada. Elle est l’épouse du cinéaste français Jean-Daniel Lafond.

Élections départementales de mars 2015 en France
En mars 2015 ont eu lieu en France les élections départementales. Ces élections n’ont toutefois pas eu lieu en Martinique et en Guyane car les mandats des conseillers généraux ont été prolongés dans l’attente de la mise en place d’une collectivité territoriale unique en décembre 2015 département-région. En Guadeloupe, la gauche conserve le pouvoir. À Saint-Pierre-et-Miquelon et à Saint-Martin-Saint-Barthélémy, pas d’élection non plus car le conseil territorial doit être renouvelé en 2017. On peut noter la complexité actuelle des différents statuts administratifs de l’outre-mer français en Amérique !

Forum mondial de la langue française à Liège
Ce forum a eu lieu à Liège en Belgique les 23 et 24 juillet 2015 et s’adressait surtout à la jeunesse avec essentiellement des thèmes économiques, la créativité, l’éducation. Un accent particulier a été mis sur les enjeux économiques de la Francophonie.

Nomination d’un nouveau délégué général à la langue française en France
Le 20 mai 2015, un nouveau délégué général à la langue française et aux langues de France a été nommé en conseil des ministres : Loïc Depecker, professeur en sciences du langage à la Sorbonne, linguiste spécialisé en terminologie et lexicologie.

L’effacement progressif de la France au Québec
On note une banalisation toujours plus forte des rapports entre la France et le Québec. On peut ainsi en constater l’accélération, rien que dans la ville de Québec, avec :
- le transfert du conseiller culturel de Québec à Montréal ;
- la vente du consulat général de France (25 rue Saint-Louis, maison dite « Maison Kent » datant de 1648, achetée en 1980 par la France et proche du Château Frontenac) au profit d’une location au 11ème étage d’une tour de la Grande Allée ;
- la fin de l’association Québec-France et de son siège historique, la « Maison Fornel », du 9 place Royale (le drapeau français ne flottera donc sans doute plus au côté du drapeau québécois sur cette place, la plus pittoresque du Vieux-Québec) ;
- le musée de l’Amérique française, situé sur le site prestigieux de l’ancien séminaire de Québec, qui devient le musée de l’Amérique « francophone » (lourd de sens politique comme le disait un chroniqueur du Journal de Montréal).
L’emplacement de la Maison Kent et celui de la Maison Fornel donnaient à la France, dans un endroit particulièrement touristique en Amérique du Nord, une visibilité qu’elle n’aura malheureusement plus. Cela ne suscite pas de regrets particuliers du côté français, et semble-t-il encore moins du côté québécois…

Assemblée générale 2014

Les libéraux au Québec
Le mois d’avril 2014 a été celui du retour des libéraux au pouvoir au Québec, après le déclenchement des élections voulu par Pauline Marois alors chef du gouvernement. Philippe Couillard de Lespinay, descendant direct du célèbre pionnier de la Nouvelle-France Guillaume Couillard, et également français du côté maternel, est devenu le 31ème Premier ministre du Québec. Pauline Marois (PQ), défaite dans sa propre circonscription électorale de Charlevoix-Côte-de-Beaupré, s’est retirée de la vie politique après avoir été la première femme Premier ministre du Québec et avoir consacré toute sa vie politique à la question de la souveraineté. Le nouveau gouvernement Couillard doit faire face à un défi budgétaire de taille, espérons qu’il ait aussi à cœur la défense du français.

Les 40 ans de la loi 22
En effet, il y a 40 ans, un autre gouvernement libéral québécois adoptait la loi 22, le 31 juillet 1974, faisant du français l’unique langue officielle du Québec. Cette loi, votée malgré les oppositions des communautés anglophones et, plus curieusement, italiennes, a été le fait du gouvernement de Robert Bourassa. Elle ouvre alors la voie à la loi 101, la Charte de la langue française, qui sera adoptée en 1977 par le gouvernement péquiste de René Lévesque. Cette loi 22, en plus de faire du français la langue de l’administration publique, a aussi encouragé l’usage de cette langue dans l’entreprise, interdisant notamment les discriminations dont étaient régulièrement victimes les francophones, y compris au Québec. Aujourd’hui, beaucoup de Québécois reprochent à l’actuel gouvernement libéral de manquer de fermeté pour la défense du français, suite à l’échec du gouvernement Marois pour faire adopter le projet de loi 14. En fait, une des stratégies politique des libéraux de Philippe Couillard est de montrer aux souverainistes qu’ils n’ont pas le monopole de la défense du français.

Et en France, les 20 ans de la loi Toubon
En France aussi, cela fait cette fois 20 ans qu’a été adoptée la loi Toubon, le 4 août 1994, que tout le monde a oublié et qui n’est clairement plus du tout respectée. Adoptée à l’époque dans la raillerie, la caricature et la moquerie générale (la « loi Allgood »), à gauche comme à droite, elle avait pourtant son utilité. Ne devait-elle pas, comme le disait son article premier, faire de notre langue « le lien privilégié des États constituant la communauté de la francophonie » ? Bien sûr, si notre pays traverse aujourd’hui une grave crise politique, la défense du français n’est clairement pas la priorité de nos responsables politiques. À l’image sans doute du château de Villers-Cotterêts (Aisne), actuellement totalement à l’abandon, construit pourtant sous le roi François Ier, et où a été adopté la célèbre ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, loi toujours en vigueur aujourd’hui, qui a créé notamment l’état civil et a fait du français la langue de l’administration publique à la place du latin.

L’avenir de la francophonie
Le français a pourtant toujours beaucoup d’atouts. Une étude, à prendre peut-être avec précautions, envisage à 750 millions le nombre de francophones en 2050. Les échanges entre pays francophones restent très actifs : l’écrivain québéco-haïtien Dany Laferrière est devenu membre de l’Académie française, le 12 décembre 2013, au Fauteuil n°2 occupé en son temps par Montesquieu ou Alexandre Dumas Fils. Une bonne nouvelle pour toute la Francophonie !

Cette Assemblée générale marque les 10 ans de notre association, créée en 2004.

Assemblée générale 2013

Le retour du Parti Québécois
L’année écoulée a bien sûr vu le retour du Parti Québécois aux affaires, avec l’arrivée de Pauline Marois au poste de Premier ministre, d’ailleurs la première femme à occuper cette fonction. Le « printemps érable » de 2012 a eu raison de Jean Charest et des libéraux, même si les résultats n’étaient pas si triomphants que cela pour le Parti Québécois, qui enregistre, aux élections législatives du 4 septembre 2012, 32 % des voix et 54 sièges sur 125, formant alors un gouvernement minoritaire à l’Assemblée nationale. Parmi les promesses de Mme Marois, on peut trouver la volonté de renforcer la loi 101. Avec des réussites pour l’instant bien mesurées, puisque la loi 101 ne concernera toujours pas les CEGEP… Lequel CEGEP, sur décision du même gouvernement péquiste, verra son programme « Arts et lettres » remplacé par un programme « Culture et communication ». Toutefois, d’après le journal Le Devoir, il paraît qu’on lira encore des livres dans « Culture et communication ».

La poursuite de la banalisation de la relation franco-québécoise
Pourtant, la marginalisation des projets souverainistes, la banalisation du français et même de la relation privilégiée avec la France n’en finit pas de reculer. Ainsi, la visite du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault au Québec en mars 2013 a fait l’objet d’une infime couverture médiatique en France. Le voyage de M. Ayrault a d’ailleurs, contrairement à la tradition, débuté à Ottawa et non à Québec. D’autres exemples illustrent cette banalisation : la nouvelle est passée inaperçue mais le « Musée de l’Amérique française », une des grandes institutions de la ville de Québec et un musée de référence, a changé de nom. Dans la plus totale discrétion, le 16 avril 2013, ce musée, situé dans l’ancien séminaire, annexe de l’Université Laval et proche de la cathédrale de Québec, est devenu le « Musée de l’Amérique francophone ». Loin d’être sans importance, d’aucuns y ont vu la confirmation d’un changement majeur dans l’évolution du Québec contemporain. On peut y voir la marginalisation du rapport avec la France, mais aussi le triomphe du relativisme historique au Québec : le régime français, le régime anglais, le Canada… On ne présente plus la cession de la Nouvelle-France comme une conquête ou même une cession politique et une occupation militaire britannique, mais bien comme un passage tranquille d’un « régime français » à un « régime anglais ». Une simple histoire de « régime » en fait… On peut clairement se demander à quel moment les Québécois décideront de brader complètement leur fière devise « Je me souviens » : cette devise ne devrait-elle pas retrouver tout son sens ?

Une amérindienne de la Nouvelle-France devient sainte !
Les personnages de la Nouvelle-France continuent pourtant de faire rêver et d’intéresser au plus haut niveau. C’est par exemple une amérindienne de Nouvelle-France, Katéri Tekakwitha (1656-1680), surnommée la « Geneviève du Canada », qui a été canonisée le 21 octobre 2012 par le pape Benoît XVI à Rome, en même temps que 6 autres personnalités internationales dont un Français. Le Canada compte maintenant 12 saints ! En avril 2013, c’est le Conseil souverain de la Nouvelle-France, créé en avril 1663 par Louis XIV, qui a fêté ses 350 ans. Frontenac en a fait partie quand il était gouverneur de la Nouvelle-France et a eu d’ailleurs des relations plutôt tendues avec ce premier essai de démocratie.

Le 14ème Sommet de la francophonie
Au niveau international, le 14ème Sommet de la Francophonie s’est tenu du 12 au 14 octobre 2012 à Kinshasa en République démocratique du Congo : 75 chefs d’États et de gouvernements francophones se sont retrouvés autour du secrétaire général Abdou Diouf, ancien président du Sénégal. Comme prévu, la couverture médiatique, tout du moins en France, a été relativement faible voire inexistante. Le thème était pourtant tout à fait intéressant : « Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale ». Plus récemment, Abdou Diouf a reconduit le Québécois Clément Duhaime comme administrateur de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Un Québécois a failli devenir le 266ème pape !
Le Québec a aussi fait la une de l’actualité internationale au moment de l’élection du nouveau pape, après la renonciation de Benoît XVI, pape depuis 2005. Parmi les grands favoris figurait l’archevêque de Québec, Monseigneur Marc Ouellet, né en 1944 et descendant direct de René Ouellet (1647-1722), un Parisien émigré en Nouvelle-France en 1663. Le conclave n’a finalement pas mis Marc Ouellet sur le trône de Pierre, mais il lui a préféré une autre personnalité des Amériques, Jorge Mario Bergoglio, né en 1936, devenu pape le 13 mars 2013 sous le nom inédit de François.

2014 sera une année d’intéressantes commémorations
Notamment, toujours sur le thème de la religion catholique, c’est en 2014 que la paroisse Notre-Dame de Québec, aïeule de toutes les paroisses catholiques de l’Amérique du Nord, fêtera ses 350 ans, érigée le 15 septembre 1664 par Monseigneur François de Montmorency-Laval (1623-1708). Des festivités sont prévues toute l’année à Québec, avec une plaque commémorative, une émission philatélique, un nouveau spectacle son et lumière, et un pèlerinage important. Comme le disait Régis Labeaume, le maire de Québec, dans le journal Québec hebdo du 9 novembre 2012, « Sans l’Église, il n’est pas évident que nous parlerions encore français au Québec ». L’année 2014 sera aussi celle du centenaire de la Première guerre mondiale (1914-1918), l’occasion de revenir sur les relations que le Québec a entretenu avec ce conflit. Certains Canadiens-français ont même été engagés dans l’armée française. Un intéressant travail de recherches en perspective ! Et enfin, 2014 sera bien sûr l’année du 10ème anniversaire de notre association Frontenac-Amériques !

Assemblée générale 2012

L’année des outres-mers en France
L’année 2011 a été celle des outres-mers en France. Même si les festivités ont pu paraître assez discrètes en métropole, elles ont donné lieu à de nombreuses rencontres très enrichissantes dans les départements et territoires d’outre-mer français. Notre association a ainsi participé à un colloque international en Guadeloupe en décembre 2011, dont nous détaillons le bilan dans le rapport d’activités.

Élections présidentielles et législatives de 2012 en France
Dans l’actualité, les dernières semaines ont vu se dérouler les élections présidentielles et législatives en France avec l’élection de François Hollande à 51,7 % face à Nicolas Sarkozy à 48,3 %. Les territoires français américains ont largement voté pour François Hollande : 71,9 % en Guadeloupe, 68,43 % en Martinique, 62,05 % en Guyane et 65,31 % à Saint-Pierre-et-Miquelon. L’exception est Saint-Martin/Saint-Barthélémy qui a donné 59,43 % à Nicolas Sarkozy. Aux élections législatives, l’ensemble des circonscriptions françaises d’Amérique sont passées à gauche, à l’exception là encore de Saint-Martin/Saint-Barthélémy. Pour les Français de l’étranger, la circonscription comprenant les États-Unis et le Canada et celle comprenant l’Amérique centrale et du Sud ont été toutes les deux remportées par la gauche, respectivement par un socialiste et par un vert.

Contestation étudiante au Québec au printemps 2012
Le Québec est également en proie depuis maintenant 5 mois à d’importantes manifestations, surtout à Montréal, suite à la volonté du gouvernement Charest d’augmenter les droits de scolarité à l’université. Ces grèves étudiantes sont parfois appelées « le printemps érable ». Les manifestations anti-gouvernementales ont pris une ampleur inédite au Québec. Le 22 mars dernier à Montréal, une grande marche a réuni une foule immense comme il n’y en avait certainement jamais eu dans cette ville. Beaucoup de spécialistes mettent aussi en avant la lutte d’une partie de la population contre le néolibéralisme, symbolisé par le premier ministre Jean Charest et sa politique. Des élections auront peut-être lieu à l’automne.

L’église Saint-Vincent-de-Paul de New York menacée
Plus marginal mais en lien direct avec notre sujet, l’église Saint-Vincent-de-Paul, église francophone de New York située 116 24ème Rue Ouest, est menacée de fermeture, et même de démolition. Cette église, d’architecture néoclassique, est pourtant un haut lieu de la francophonie, puisque s’y retrouvent différentes communautés francophones venues de France, du Canada, d’Haïti, d’Afrique... C’est ici notamment que s’est mariée la chanteuse française Édith Piaf en 1952, et on peut y trouver également de nombreux monuments commémorant l’histoire franco-américaine. Espérons que tout pourra être fait pour sauvegarder ce magnifique monument.

Préparation du Sommet de la Francophonie 2012 à Kinshasa en RDC
Pour terminer, rappelons que la francophonie sera à l’honneur en 2012 avec la préparation du 14ème Sommet de l’OIF qui aura lieu à Kinshasa en République Démocratique du Congo. Le thème sera « Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale ». Souhaitons plein succès à ce grand rendez-vous international.

Assemblée générale 2011

Sommet de la Francophonie 2010 à Montreux en Suisse
L’année 2010 a été celle du 13ème Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu du 22 au 24 octobre 2010 sur les rives du Lac Léman à Montreux en Suisse. Les représentants des 70 États et gouvernements de l’espace francophone se sont rassemblés dans le Canton de Vaud autour du thème « Défis et visions d’avenir pour la Francophonie » avec trois sujets principaux : la Francophonie acteur des relations internationales et sa place dans la gouvernance mondiale ; la Francophonie et le développement durable : les solidarités francophones face aux grands défis (notamment la sécurité alimentaire, le changement climatique et la diversité biologique) ; la langue française et l’éducation dans un monde globalisé : les défis de la diversité et de l’innovation.
Les chefs d’État et de gouvernement des pays francophones ont pris connaissance du rapport d’activité « De Québec à Montreux 2008-2010 » établi par Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, puis ils ont examiné les nouvelles demandes d’adhésion des pays suivants : Émirats arabes unis, Estonie, Bosnie Herzégovine, Monténégro et République Dominicaine.
Des annonces ont également été faites pendant le Sommet sur des actions précises et concrètes pour renforcer l’action de la Francophonie et appuyer le rayonnement de la langue française : le Rapport sur la langue française dans le monde 2010, la signature de plusieurs pactes linguistiques avec certains pays membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’élargissement de l’Initiative Francophone pour la Formation à Distance des Maîtres (IFADEM) ou encore les actions menées pour la solidarité avec Haïti. La population de Montreux a pu participer à de nombreux événements en marge du Sommet. Un village de la Francophonie a abrité 60 chalets d’exposition illustrant la diversité de la Francophonie avec une scène centrale accueillant des artistes des cinq continents. Des tables rondes et débats thématiques ont rassemblé des spécialistes internationaux. Enfin, au château de Chillon, une remise du Prix des cinq continents de la Francophonie a été faite à la lauréate 2010, l’écrivain roumaine Liliana Lazar, avec des expositions sur la bande dessinée et sur les droits des enfants.
Pour clôturer le Sommet, les chefs d’Etat et de gouvernement francophones ont adopté la « Déclaration de Montreux ».

2011, année des Outre-mer en France
Le Président de la République Française a décidé de faire de 2011 l’année des Outre-mer français, afin de mieux faire connaître à tous, quelque soit leur lieu d’origine et de résidence, l’extrême variété et la grande richesse des populations, des cultures et des territoires d’Outre-mer et de leur assurer une meilleure visibilité sur le territoire français. Il a confié à une commission dirigée par Daniel Maximin, écrivain Guadeloupéen, le soin d’organiser cet événement qui doit durer toute l’année sous forme de manifestations qui se dérouleront dans chacune des régions d’Outre-mer et sur l’ensemble du territoire métropolitain.
L’année des Outre-mer peut contribuer « à éclairer la place ancienne de ces régions dans l’histoire de la France, leur présence établie depuis l’avènement de la République et de la citoyenneté, et la création d’identités culturelles spécifiques tissées des rencontres transocéaniques entre les deux, trois ou quatre continents de leurs origines, selon qu’elles se situent dans l’Atlantique, l’Océan indien ou le Pacifique ».

Élections fédérales 2011 au Canada
Au Canada, les élections fédérales anticipées du 2 mai 2011 ont donné la victoire au Parti conservateur de Stephen Harper, qui a remporté la majorité des sièges (166 sièges), lui permettant de former un gouvernement majoritaire à Ottawa. Les élections ont vu aussi l’importante progression du NPD (Nouveau Parti Démocratique) de Jack Layton (103 sièges), formant dorénavant, et pour la première fois, l’opposition officielle. L’élection a également vu l’effondrement du Parti libéral du Canada (34 sièges) et du Bloc québécois (4 sièges) et la première élection d’une députée du Parti Vert (1 siège). Le Bloc Québécois obtient le pire score de son histoire et ne conserve que quatre élus au parlement d’Ottawa. Les interprétations par rapport au débat sur la souveraineté du Québec sont multiples. Quoi qu’il en soit, il semble que cette souveraineté soit maintenant repoussée à plus tard…

Mobilisation pour la langue française, langue internationale
Une marche a rassemblé plusieurs centaines de personnes et différentes associations francophones le 18 juin 2011 à Paris. L’objectif était la sensibilisation à la promotion de la langue française, à la fois en France, dans les pays francophones et dans les institutions internationales. Pour mémoire, le français est la langue officielle de 29 pays indépendants (Belgique, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Canada, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, France, Gabon, Guinée, Guinée équatoriale, Haïti, Luxembourg, Madagascar, Mali, Monaco, Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Suisse, Tchad, Togo et Vanuatu) auxquels s’ajoutent 8 pays dans lesquels il est couramment parlé (Algérie, Andorre, Dominique, Île Maurice, Liban, Maroc, Mauritanie et Tunisie). La francophonie représente donc environ un cinquième des pays du monde. Le français est aussi langue officielle de la plupart des grandes institutions internationales : l’ONU (et toutes ses dépendances comme l’UNESCO, l’UNICEF, l’OMS…), l’OTAN, le Conseil de l’Europe, l’Union Européenne, l’Agence Spatiale Européenne, l’ALENA, l’Organisation des États Américains, l’Union Africaine, la FIFA, le Comité International Olympique, l’OMC, la Croix Rouge, l’Union Postale Universelle... La défense, la valorisation et la promotion du français sont donc un enjeu essentiel pour notre siècle.

Assemblée générale 2010

Le tremblement de terre en Haïti
L’année écoulée a été largement dominée par l’effroyable tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti, qui a particulièrement ému l’ensemble de notre pays. Les victimes sont chiffrées à plus de 200.000 morts, 300.000 blessés et près d’un million et demi de sans-abris. La ville de Port-au-Prince, presque entièrement détruite, fut fondée par les Français en 1749, et devint en 1770 la capitale de la colonie de Saint-Domingue. Pendant la Révolution française, cette ville fut baptisée Port-Républicain puis devint la capitale d’Haïti en 1804 lors de l’indépendance de ce pays. C’est au début du 20ème siècle que le célèbre Palais national (Palais présidentiel) et la magnifique Cathédrale Notre-Dame furent construits. Ils ont été entièrement détruits pendant le tremblement de terre.
Notre association, à son échelle, souhaite s’associer aux projets de reconstruction en Haïti, en établissant un don à l’association « Aide aux Enfants d’Haïti », dont le site internet est www.aide-aux-enfants-haiti.org. Cette association a pour objectif notamment d’aider les réfugiés de Port-au-Prince et de soutenir les enfants d’Haïti. Elle est engagée dans la construction d’écoles, notamment le Lycée professionnel de la ville des Abricots, ville située dans la péninsule de Grande-Anse dans l’arrondissement de Jérémie. La promotion de l’éducation est aussi un moyen de renforcer les liens et l’intérêt pour ce pays par la francophonie. N’oublions pas, comme le rappelle Régis Debray dans son rapport sur « Haïti et la France », qu’en 1945, à la conférence de San Francisco, « c’est la délégation haïtienne, entraînant les votes latino-américains et contre l’hostilité anglo-saxonne, qui a imposé le français comme langue de travail des Nations-Unies ». Langue diplomatique pendant plus de deux siècles, le français aurait bien pu être balayé d’un trait en 1945 sans la courageuse intervention d’Haïti.

Le français aux Jeux Olympiques
Le français est toujours une grande langue internationale. Il est notamment langue des Jeux Olympiques : c’est le français Pierre de Coubertin qui a restauré les Jeux Olympiques modernes, et le comité de l’olympisme siège à Lausanne en Suisse. Pourtant, les Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver 2010 ne se sont pas distingués dans la promotion du français. Par exemple, le spectacle d’ouverture des Jeux n’a laissé aucune place au français, pourtant « l’autre » langue officielle du Canada. La dirigeante du parti Québécois Pauline Marois a vigoureusement dénoncé cet état de fait, en indiquant que « l’indifférence, c’est pire que le mépris, cela veut dire que nous sommes une quantité négligeable, c’est un manque de respect profond ». Elle s’est notamment alarmée qu’à cette occasion, dans les journaux canadiens anglophones, les modérateurs aient largement laissé passer des messages « inimaginables, effrayants et inacceptables » contre le Québec et le fait français. C’est du « Québec bashing » a-t-elle dit. Il est certain que Pauline Marois aurait aussi une double raison de s’alarmer, en voyant la place tout à fait majeure du français en Chine aux Jeux Olympiques d’été de Pékin en 2008 et la place minimum qu’il a eue à Vancouver, pourtant ville canadienne ! Cela en dit à nouveau long sur l’état d’esprit qui peut régner dans certains milieux canadiens…

Le cri d’alarme de Robert Charlebois et la Carpette anglaise
Récemment en visite en France, le célèbre chanteur québécois Robert Charlebois s’est emporté contre beaucoup de jeunes artistes en France qui, a-t-il dit, « chantent en anglais alors qu’ils ne seraient même pas capables de se débrouiller dans le métro de New York ». Il a même déclaré au Journal de Montréal que le choix de la langue anglaise par des artistes français lui « donnait le goût de pleurer ». Bien sûr, il faudrait souligner que les nouveaux artistes québécois font souvent la même chose ! Mais c’est vrai que ce renoncement à créer, à jouer, à imaginer, à chanter en langue française peut sembler préoccupant et curieux, surtout vis-à-vis d’une langue qui a tant fait rêver.
Notre langue ne fait en tous les cas pas rêver les élites françaises. Par exemple, on apprend par la presse que Richard Descoings, directeur du prestigieux Institut d’Études Politiques de Paris, a obtenu le « prix de la Carpette anglaise 2009 », un prix d’indignité civique « attribué chaque année à un membre des élites françaises et qui s’est distingué pour son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment du français ». Ainsi, il se trouve que M. Descoings a imposé à Sciences-Po des enseignements uniquement en langue anglaise dans un certain nombre de filières proposées. Quand on voit le niveau désastreux de français de certaines futures élites, il y a de quoi se poser des questions quand ces mêmes élites vont avoir des cours in English ! De plus, Richard Descoings s’est aussi fait remarquer pour sa correspondance rédigée en anglais… à l’attention du lycée français de Madrid !

Journée de la francophonie le 20 mars 2010
Le rôle des élites et en particulier des hommes politiques doit pourtant être essentiel dans le développement de la francophonie. Lors de la « Journée de la francophonie », le 20 mars 2010, le président de la République française, Nicolas Sarkozy, a fait au Palais de l’Élysée à Paris des déclarations fortes au sujet du français. Il a indiqué que « la langue française que nous avons en partage, est notre trésor commun ». Il a, en premier, regretté que l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ne soit pas invitée en tant que telle à la Conférence de Montréal sur la reconstruction d’Haïti. Revenant sur les différentes actions menées par la francophonie en 40 ans, il a souligné que la prochaine inauguration de la Maison de la Francophonie, à Paris, donnera plus de visibilité à toutes les dimensions de son action commune. Dans un style décontracté, le président a insisté sur le poids que la francophonie doit avoir au niveau des grandes instances internationales. Il a rappelé que plus de 200 millions de francophones s’expriment dans notre langue sur tous les continents et ce nombre ne cesse de s’accroître : 900.000 professeurs enseignent chaque année cette langue commune à plus de 50 millions d’élèves. Le chef de l’État a également dénoncé le « snobisme » de ces diplomates qui s’expriment en mauvais anglais plutôt que d’utiliser le français. « Je le dis comme je le pense, a-t-il dit. Il n’y a pas de fatalité. La francophonie est pour la diplomatie française une priorité, encore faudrait-il que tous les diplomates français y croient. Ils sont tellement heureux de parler anglais. Si eux-mêmes ne parlent pas français, pourquoi voulez-vous que les autres le fassent ? ». Et d’ajouter : « Nous voulons que le français demeure une langue internationale ». Même si M. Sarkozy ne s’était pas jusqu’à présent fait une réputation de grand défenseur du statut international du français, voilà des engagements qui, s’ils sont tenus, semblent aller dans le bon sens pour l’intérêt de la francophonie.
Ajoutons que le prochain sommet francophone aura lieu du 22 au 24 octobre 2010 à Montreux, dans le Canton de Vaud, en Suisse. Espérons que le bon air du Lac Léman soit l’occasion d’échanges intéressants sur les nouveaux défis que la mondialisation donne à notre langue !

Assemblée générale 2009

Le bilan du 400ème et les grandes orgues
L’année 2008 a été celle du 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec. Il faut bien le dire : le bilan est plutôt mitigé. Même la météo s’était mise contre, car il pleuvait à verse pendant la cérémonie le 3 juillet 2008 célébrant l’arrivée de Samuel de Champlain 400 ans plus tôt ! La France, pourtant mère patrie, a eu un rôle extrêmement limité, ses projets d’escalier et de reconstitution des halles de Brouage ayant été abandonnés. Le comportement des pouvoirs publics français (et même québécois d’ailleurs !) a été également extrêmement décevant, notamment le comité Raffarin. Il faut tout de même noter la belle réalisation à Québec de la reconstitution des orgues dans l’église du Musée de l’Amérique française, prenant pour modèle l’orgue de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois à Dourdan (Essonne). La motivation a dernièrement semblé plus grande pour célébrer cette année le 250ème anniversaire de la Bataille des Plaines d’Abraham (1759) qui a eu comme conséquence la perte ultérieure de la Nouvelle-France au profit des Anglais. Cette commémoration a donné lieu à une intense polémique au Québec et a finalement été annulée.

Les troubles sociaux aux Antilles françaises
En Amérique francophone, l’année écoulée a été essentiellement marquée, aux Antilles françaises, par plusieurs semaines de grève dure, menées entres autres par le LKP. Ces blocages, s’appuyant sur des revendications légitimes contre la vie chère, ont toutefois paralysé l’économie de l’île au cri de « La gwadloup sé tan nou, pa ta yo ». Reste aussi à savoir quelles seront les conséquences politiques de cette crise, notamment en métropole. En effet, en juin 2009, lors d’un voyage aux Antilles, le président Nicolas Sarkozy a évoqué en Martinique un référendum sur l’autonomie. Bien que le président s’en défende avec force, est-ce un prélude à l’indépendance ?

De marché à market
Dans la vie quotidienne, l’année 2008 a vu se poursuivre les difficultés courantes de la culture française en Amérique, mais la France n’est pas en reste. Ainsi, dans notre pays, les commerciaux et décideurs français semblent avoir abandonné officiellement la langue française : par exemple, après le célèbre Leader Price (créé en 1989), puis Relay (issu des Relais H) en 2001, Monoprix a lancé Beauty Monop’ et Daily Monop’ en 2007. Plus récemment, le mouvement s’est même accéléré : le groupe Carrefour a supprimé l’enseigne Champion qui est devenu Carrefour Market, les magasins (déjà bien nommés) Shoppi vont devenir Carrefour City et enfin, il y a peu de temps, le groupe Auchan a imité son concurrent en transformant ses magasins Atac en Simply Market. Reste à savoir si Carrefour va devenir Crossroad ! Toujours est-il qu’il est maintenant tout à fait acquis que les décideurs français ont totalement renoncé à faire des efforts de créativité et d’imagination avec la langue française. Le Québec n’est donc logiquement pas en reste ! Chez nos cousins, la principale difficulté qui semble ressortir, au-delà des récurrences sur l’identité, est l’anglicisation de la ville de Montréal. En ce moment, par exemple, plus d’un millier d’infraction à la loi 101 sont examinées par les tribunaux.

Les Québécois, toujours à la pointe de la défense du français ?
Au niveau international, les hommes politiques québécois n’ont pas encore retrouvé la verve de la génération de René Lévesque ! Ainsi, très récemment, à la fin juin, le Premier ministre Québécois Jean Charest s’est exprimé en anglais à Bruxelles lors d’une conférence internationale sur l’environnement. La seule autre personne à faire de même a été le Premier ministre du Manitoba. Toutes les autres personnalités, y compris la représentante de l’Assemblée des régions d’Europe ou bien le représentant de la Catalogne, se sont tous exprimés en français. Voilà qui témoigne d’un changement radical dans le comportement québécois à l’étranger, et ce n’est pas propre au Parti Libéral du Québec, les autres partis politiques agissant de même.

Faut-il être anglophone pour diriger la deuxième ville francophone du monde ?
Il est d’ailleurs intéressant de constater que, toujours très récemment, une campagne de The Gazette a eu lieu contre la candidate du Parti Québécois à la mairie de Montréal pour les élections du 1er novembre prochain, l’ancienne ministre Louise Harel, sous prétexte que cette dernière ne parle pas anglais. Pourtant, quid de ne pas parler anglais quand on est maire de la deuxième ville francophone du monde et élu par les citoyens de cette même ville ? Demande-t-on aux maires de Mexico, de Brasilia ou de Paris d’être anglophones ? Quant à Ottawa, capitale officiellement bilingue du Canada, le maire ne parle même pas français ! La loi 101 a pourtant fait du français au Québec la seule langue officielle et publique. Mais, là encore, les politiciens jouent l’apaisement : dans une conférence de presse, Mme Harel a reconnu qu’elle a des difficultés à s’exprimer en anglais et a indiqué qu’elle suivrait des cours d’été ! Tout va pour le mieux alors !

Le français à utiliser, à développer et à aimer
Dans un monde, très utopique pour l’instant, où la France et le Québec auraient retrouvé leur identité francophone et surtout leur créativité littéraire et scientifique, la francophonie serait ce qu’elle aurait dû toujours être, c’est-à-dire un vaste espace mondial de circulation, d’échange d’idées, de créativité, de partenariat entre laboratoires de recherches, entre universités. Malheureusement, en dépit des grands principes votés par l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qui a tenu dernièrement session à Paris, la francophonie est encore bien trop timide et ne va pas au bout de ses potentialités. Ceci dit, comme l’indiquait le linguiste Claude Hagège, le nombre de francophones dans le monde est toujours en constante augmentation, ce qui peut être une raison d’espérer.

Assemblée générale 2008

La commission Bouchard-Taylor et l’identité québécoise
Les derniers mois ont été riches en événements et débats sur l’identité québécoise et franco-canadienne. En particulier, la commission Bouchard-Taylor a rendu son rapport très médiatisé sur les « accommodements raisonnables », rapport qui a donné lieu assez rapidement à une intense polémique. Un des points le plus critiqués a été la proposition d’appeler les Canadiens francophones « Québécois d’origine canadienne-française ». Or, pour beaucoup, cette appellation ressuscite le terme jugé démodé de « Canadien-français ». D’autre part, elle montre aussi un rétrécissement de plus en plus problématique de l’identité des francophones nord-américains. En effet, alors qu’ils étaient des « Canadiens » à l’époque de la Nouvelle-France, ils sont devenus des « Canadiens-français » au XIXème siècle puis ensuite des « Québécois » à partir des années 1960. Si aujourd’hui ils deviennent des « Québécois francophones » ou des « Québécois d’origine canadienne-française », leur espace se rétrécit de plus en plus dangereusement…

Le français, langue commune à Montréal ?
Pour beaucoup, il est en outre assez clair que la langue française n’est pas systématiquement la langue commune à Montréal. Le Mouvement Montréal français a organisé récemment une étude montrant que la Loi 101 n’est pas respectée dans nombre d’entreprises et même de services publics au Québec. Ainsi, alors que l’État québécois prétend être une société francophone et propose aux immigrants de « vivre l’Amérique en français », l’étude révèle que le gouvernement québécois propose pourtant systématiquement aux immigrants et nouveaux québécois des versions bilingues de ses services. Ainsi, pour des nouveaux arrivants, l’image est donc assez logiquement la suivante : il y a deux langues ici, on choisit celle qu’on veut (et tant qu’à faire, celle qui est la plus parlée en Amérique du Nord), ce qui est évidemment contraire aux objectifs de la loi 101 qui était de faire du français la langue normale et commune dans l’ensemble du territoire québécois. Cela aboutit donc à une situation assez inextricable : les Québécois sont devenus peu combatifs pour faire la promotion du français, ils proposent pour tout ce qui est intéressant (et même pour ce qui ne l’est pas) des textes bilingues, ils utilisent l’anglais exagérément dans le milieu professionnel et par contre ils se plaignent ensuite, comme l’a d’ailleurs bien montré le rapport Bouchard-Taylor, qu’à Montréal les immigrants ne vivent pas en français. Seule une politique volontariste et partagée par l’ensemble de la société pourrait corriger cette situation.

La dénationalisation tranquille
Les autres difficultés sont les problèmes liés à la « dénationalisation tranquille » et à l’enseignement de l’histoire à l’école. L’universitaire Mathieu Bock-Côté dénonce particulièrement le détricotage de la nation et sa dissolution dans un ensemble communautariste dont la langue commune est plus ou moins l’anglais. Ainsi, comme dans les programmes scolaires, le Québec n’est plus le Québec mais « la société dans laquelle l’apprenant évolue », il n’y a pas de véritable projet unificateur d’intégration. Ainsi, comme l’héritage français est systématiquement occulté ou caricaturé pour laisser place à un obscurs maelström, plus personne ne peut avoir le sentiment qu’il existe une destinée commune à tous les membres de la nation québécoise. La conséquence est donc la médiocrité intellectuelle et le peu d’enthousiasme que déclenche, aussi bien au Québec qu’en France d’ailleurs, la célébration du 400ème anniversaire de la ville de Québec. Et malgré son écho médiatique très faible, cela n’empêche pas cette célébration d’être elle aussi victime de la polémique : par exemple, est-ce le 400ème anniversaire du Canada (comme le pensent le gouvernement fédéral et le gouvernement québécois) ou le 400ème anniversaire de la ville de Québec (comme le pensent les souverainistes ou les férus d’histoire de la Nouvelle-France) ? À cela s’ajoute le fait que la France vient d’annoncer assez abruptement « la fin de la relation privilégiée que Paris entretient avec Québec depuis 1967 ». Jean-Pierre Raffarin annonçait notamment les intentions du président français Nicolas Sarkozy de mettre fin à la doctrine française de « non-ingérence, non-indifférence », probablement dans le cadre de sa visite à Québec à l’automne prochain. Puis, devant la polémique, le président a rectifié légèrement le tir en décorant Céline Dion avec la déclaration : « Les Québécois sont nos frères, les Canadiens, nos amis ».

Aimé Césaire
Ces derniers temps ont été aussi marqués par la mort d’Aimé Césaire, grand écrivain martiniquais, et grand penseur des Antilles. Ces funérailles ont été l’occasion d’un hommage unanime rendu par la classe politique de notre pays. Aimé Césaire est né en 1913 à Fort-de-France (Martinique). Il est un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude, et également un virulent anticolonialiste. Il a écrit son célèbre Cahier d’un retour au pays natal et son Discours sur le colonialisme en 1950. La ferveur déclenchée à l’occasion de son décès est un encouragement pour l’intérêt que l’on peut porter pour la création francophone en Amérique.

Assemblée générale 2007

Pour notre association Frontenac-Amériques, intéressée par les cultures francophones américaines, la situation du français dans le monde est un élément particulièrement important. Or, l’année qui vient de s’écouler a malheureusement montré une régulière érosion de la pratique du français en Amérique, et particulièrement au Québec.

Le français en difficulté à Montréal
En effet, le touriste attentif qui arpente les rues de Montréal ne peut que remarquer que le français n’y progresse pas. Malgré l’ambitieuse loi 101, les affiches unilingues anglaises ne sont pas rares et les radios anglophones fonctionnent à plein régime dans beaucoup de commerces. Dans la métropole du Québec, dont les habitants sont pourtant réputés pour être les défenseurs acharnés de notre langue, il est nécessaire de s’interroger sur les causes de cet essoufflement. En fait, l’anglais continue à s’infiltrer en douceur, de manière séduisante, surtout chez les plus jeunes, à travers le cinéma, la télévision, l’Internet, les jeux vidéo ou la musique. La conséquence est que l’intérêt pour la langue maternelle a commencé à décliner chez bon nombre de francophones.

Des Québécois moins combatifs... pour le moment !
De plus, le militantisme linguistique est pratiquement devenu un phénomène du passé au Québec. Non seulement les Québécois semble s’être ramollis, mais eux-mêmes assènent parfois les coups durs. Ainsi, par exemple, lorsque dans les années 1950, la direction du Canadien National décida de baptiser son tout nouvel hôtel de Montréal du nom de la reine Élizabeth d’Angleterre, cela déclencha une très vive vague de protestation. Or, de nos jours, quand Jacques Villeneuve, une des grandes figures du Québec contemporain, décide de traduire littéralement son nom de famille pour nommer son restaurant New Town, les Québécois ne réagissent presque plus. En voici alors la conséquence : pourquoi faire un effort pour respecter la loi 101, afficher et se nommer en français quand un Québécois ne le fait pas, quitte à traduire en anglais son nom de famille, à l’image de nombreux Canadiens-français du passé, à l’époque où M. Boisvert devenait Mr Greenwood et M. Leblanc devenait Mr White.

Bien sûr, au-delà de l’anecdote, tout ceci peut à tout moment devenir dramatique car, en raison du faible poids des francophones sur un continent nord-américain massivement anglophone, le français au Québec est en train de stagner, mis en danger par ses propres locuteurs devenus indifférents, résignés ou même carrément convertis à l’anglais.

Naissance du Mouvement Montréal Français
Bien entendu, tout le monde n’a pas capitulé. Depuis l’an dernier, le Mouvement Montréal Français s’active pour redonner au français toute la place qui lui est due dans la deuxième ville francophone du monde. La campagne Une langue à partager a été très suivie. Surtout, faire du français la vraie langue publique commune à Montréal paraît le seul moyen d’assurer une cohésion sociale digne de ce nom, dans un pays marqué par le multiculturalisme. D’ailleurs, à ce propos, contrairement aux idées reçues, les immigrants au Québec sont souvent les premiers à réclamer des cours de français et une véritable vie en français. Ainsi, il y a quelques jours, le 24 juin 2007, lors de la dernière Saint-Jean-Baptiste, de nombreuses communautés culturelles ont défilé à Montréal, drapeau québécois à la main et clamant leur passion pour la langue française. Pour cette vietnamienne présente dans le défilé et installée depuis 16 ans à Montréal, « le français est important, c’est une langue si belle et si précise. » Et d’ajouter qu’elle a « toujours insisté pour que [ses] filles ne fassent pas de fautes d’orthographe et parlent un français impeccable ». Voilà des raisons de ne pas désespérer !

Les élites françaises en déroute dans la défense de leur langue
Et la France dans tout ça ? Malgré une année politique extrêmement chargée et riche en élections, la question de la francophonie et de la place du français dans le monde n’a presque pas été abordée. Malheureusement, pour beaucoup de nos compatriotes, la langue française n’a plus du tout sa place dans le monde international des affaires. Elle serait devenue inutile. Seul l’anglais permettrait de faire des affaires et d’accéder à un avenir motivant et radieux. Pourtant, les entreprises de notre pays qui négligent la langue française jouent en réalité à terme directement contre leurs intérêts : en utilisant systématiquement la langue de leur concurrent, nos entreprises perdent un avantage fantastique, celui de la maîtrise des concepts et de la pensée. Malheureusement, c’est un piège dans lequel beaucoup de Français tombent par orgueil ou par naïveté. Ainsi, la pensée française ou francophone ne crée plus vraiment : elle traduit (ou même ne traduit plus !) des concepts anglo-saxons. À ce rythme, les étudiants étrangers non francophones se détourneront alors totalement des grandes écoles et des universités françaises et la France n’intéressera plus personne. À quoi bon étudier à la Reims Business School, à la Paris School of Economics ou à Gif Upon Yvette ? Il est bien entendu plus rentable et plus direct pour un étudiant russe ou chinois d’aller étudier directement en Angleterre ou aux États-Unis. Quant aux étudiants de la Francophonie, ils suivront le même chemin : chacun sait par exemple la diminution phénoménale du nombre d’étudiants québécois à Paris.

Pourtant, au-delà de ses nombreuses qualités d’élégance et de précision, le français est un moyen formidable d’influence et un atout majeur de dialogue des cultures à travers la planète. Ainsi, pour Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et remarquable Secrétaire général de la Francophonie, « le combat de la langue va bien au-delà de la langue ». S’il n’est pas de raisons de désespérer et de devenir pessimiste, les défis du français, en particulier en Amérique, sont donc encore très nombreux. Et pour reprendre les mots du Général de Gaulle, « la bataille du Canada » est encore loin d’être gagnée.

Assemblée générale 2006

Notre association a déjà deux ans d’existence et a pour vocation de faire connaître en France les cultures francophones d’Amérique, du Québec à la mer des Antilles. Le personnage de Louis de Frontenac est une figure locale, ce grand gouverneur de la Nouvelle-France étant né à Saint-Germain-en-Laye en 1622.

L’anglais intensif au détriment du français au Québec
En dépit de sa présence en Amérique depuis plus de 400 ans, la langue française peut sembler dans une situation précaire actuellement. Ainsi, par exemple, même si le français est l’unique langue officielle du Québec, il existe toujours dans certains quartiers de l’ouest de Montréal des personnes vivant en anglais sans se soucier le moins du monde de la langue officielle du territoire dans lequel ils se trouvent. Dernièrement, le projet du gouvernement québécois d’instaurer l’anglais obligatoire dès la première année du primaire avec « stages intensifs » pour les élèves dès 6 ans est particulièrement inquiétant. La priorité ne devrait-elle pas être donnée à l’apprentissage de la langue officielle avant toute langue annexe ? Est-il souhaitable d’angliciser si rapidement de si jeunes enfants ? On a vu par le passé à quel point l’anglais a pu avoir une influence déstructurante sur le français du Canada.

Aller au CEGEP anglais pour être francophone ?
Vingt-cinq ans après son adoption, la Loi 101 est d’ailleurs toujours régulièrement attaquée devant la juridiction fédérale par des individus qui refusent de comprendre la situation québécoise et qui souhaitent contourner la loi pour envoyer leurs enfants à l’école anglaise. Rappelons d’ailleurs qu’il est possible à n’importe quel Québécois de poursuivre ses études dans un Cégep (lycée) anglophone, ce qui est préoccupant à l’âge de l’adolescence où on commence à s’intéresser aux affaires du monde, aux journaux, à la politique…

L’assimilation anglaise se poursuit dans le reste du Canada
Dans le reste du Canada, l’assimilation est encore plus dévastatrice que jamais. Certains « francophones hors-Québec » vont à l’école française pour faire plaisir à leurs grands-parents, mais n’ont pas pour ambition de faire du français leur langue d’usage. De toutes façons, hors du Québec et de la partie acadienne du Nouveau-Brunswick, il est totalement impossible de vivre en français comme en France.

Le Québec : "la société dans laquelle l’apprenant évolue"
Un autre sujet préoccupant est le projet de réforme de l’histoire dans l’enseignement secondaire, entamé là aussi par le gouvernement québécois. Le but de ce projet est en théorie de donner un enseignement « moins politique » et « moins conflictuel » pour aboutir à une « histoire rassembleuse ». Ainsi, par exemple, la Conquête anglaise de 1763 est nommée en ces termes : « La Nouvelle-France connaît une forme de gouvernement absolu. Le pouvoir est détenu par le roi de France, qui en délègue une partie au gouverneur. Après 1763, c’est toujours un gouverneur, représentant cette fois le souverain britannique, qui dirige les colonies ». Si on en croit cette formulation, les Canadiens-français sont devenus britanniques sans trop de difficultés... Quand on lit en détail le projet, on finit par penser que le Canada n’a pas été découvert par Jacques Cartier mais par Jean Cabot, que la conquête de 1763 n’a pas été une conquête mais une victoire providentielle qui aurait apporté la démocratie anglaise aux colons canadiens, que Louis Riel n’est plus un héros mais un terroriste, de même que les patriotes de 1837. Quant aux Acadiens, leur déportation est totalement occultée. D’ailleurs, dans ces nouveaux textes, le Québec n’est même plus cité : il devient « la société dans lequel l’apprenant évolue ». On ignore encore les effets que cette nouvelle vision de l’histoire aura sur les futures générations.

Le grand moment à venir devrait être la commémoration des 400 ans de la ville de Québec en 2008. Pourtant, ce projet semble mobiliser bien peu les Québécois, et même les Français, puisque les grands projets sont au point mort. Et le contexte idéologique actuel de dévalorisation systématique de l’histoire de France ne joue pas en faveur de ces festivités. Après tout, l’empire français d’Amérique n’a-t-il pas été lui aussi un « Empire colonial » ?

Malgré ces difficultés, il y a tout de même des raisons d’espérer. L’image de l’Amérique française semble séduire de plus en plus de monde dans les pays francophones, aussi bien en France qu’en Afrique. De plus, nos cousins Québécois montre tous les jours qu’ils sont viscéralement attachés à la langue française.

Nous pouvons alors laisser les derniers mots au grand écrivain et poète sénégalais Léopold Sédar Senghor (dont nous fêtons en cette année 2006 le 100ème anniversaire de la naissance) :
- « La Francophonie est un humanisme intégral qui se tisse autour de la Terre »
- « le français est langue internationale de communication et il nous offre à la fois clarté et richesse, précision et nuance »
- « La Francophonie n’est pas une idéologie, c’est un idéal qui anime des peuples en marche vers une solidarité de l’esprit ».

Puissions-nous à notre échelle faire vivre les mots d’un des plus grands magiciens de la langue française.

Assemblée générale 2005

Le nom de notre association
L’association Frontenac-Amériques a été créée il y a tout juste un an, le 6 juin 2004. Elle a pris le nom de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France au XVIIème siècle, auquel nous avons ajouté le mot « Amériques » au pluriel, pour bien montrer notre intérêt pour l’ensemble du continent américain.

Louis de Buade, un grand Saint-Germanois
L’idée de l’association est partie d’un constat : aucun lieu de mémoire ne rappelle la naissance à Saint-Germain-en-Laye de Louis de Frontenac. Louis de Buade, comte de Frontenac, est né au château de Saint-Germain-en-Laye en 1622, son parrain est le roi de France Louis XIII. En 1672, Louis XIV nomme Frontenac gouverneur de la Nouvelle-France. C’est sous son mandat que Louis Jolliet et le Père Marquette découvrent le Mississippi et qu’est construit le Fort Frontenac, près du Lac Ontario. En 1682, en raison de son fort caractère, Frontenac est rappelé en France mais y retourne en 1689 pour faire face aux Anglais. Il fait fortifier Québec et Montréal, et en 1690 repousse les Anglais de Phipps en disant : « Je n’ai point de réponse à faire à votre général que par la bouche de mes canons et à coups de fusils ». Frontenac meurt en 1698. À sa mort de Frontenac, la Nouvelle-France est à son apogée. En 1701, le gouverneur Hector de Callières signe la Grande paix de Montréal, un traité de paix et d’amitié unique en Amérique entre les Français et les nations amérindiennes. L’importance de l’œuvre de Frontenac explique qu’en 1890, le prestigieux hôtel du Canadien Pacifique à Québec est nommé « Château Frontenac ».

L’intérêt pour Frontenac est bien entendu un point de départ, une sorte « d’ancrage géographique ». Le but de l’association est avant tout de promouvoir les cultures francophones américaines. À l’heure actuelle, nous savons à quel point il est important de défendre la diversité culturelle contre l’uniformisation. Le combat du peuple québécois pour défendre la langue française est à ce titre remarquable. Les Français n’ont généralement aucune idée de ce que peut être la défense de la langue. Ils se posent trop rarement la question. Un séjour au Québec ne peut que les faire changer d’avis.

Notre association souhaite aussi rappeler que les cultures francophones d’Amérique sont aussi multiples. Il existe une dispersion francophone en Amérique du Nord, complexe et dont la situation est souvent contrastée. Les Acadiens du Nouveau-Brunswick, qui vivent près de la frontière du Québec, sont les seuls à pouvoir à peu près vivre convenablement en français. Il est en effet douloureux de constater que les autres francophones américains sont pour beaucoup plus ou moins assimilés, notamment au Manitoba où un grand nombre de francophones parle anglais à la maison. De même, en Louisiane, en dépit d’un certain intérêt pour l’héritage français, les francophones de langue maternelle ont presque disparu, et il est de toutes façons impossible de vivre en langue française dans un État des États-Unis. Comme le disent certains cajuns, nous vivons « dans le ventre du dragon ».

On peut rappeler aussi l’importance symbolique de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, notamment sur le plan stratégique et historique et par rapport à l’histoire du général de Gaulle et de la France-Libre. Le 21 juillet 1967, Charles de Gaulle dit aux habitants de l’archipel : « Vous êtes ici le symbole et la preuve de l’indépendance française vis-à-vis de qui que ce soit. » Rappelons que l’archipel constitue le seul vestige de la Nouvelle-France, cédée par Louis XV aux Anglais par le traité de Paris de 1763.

Les autres territoires francophones américains appartiennent à la zone caraïbe. Là aussi, leur situation est contrastée. Haïti est un État indépendant alors que la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sont des Départements d’Outre-Mer français. L’association Frontenac-Amériques s’intéresse aussi grandement à ces territoires, riches d’une très grande littérature et d’une histoire passionnante. Entre autres, le bicentenaire de l’indépendance d’Haïti a donné lieu à des écrits très intéressants sur la fin de l’esclavage et la décolonisation.

La langue française est donc bien présente outre Atlantique, et elle doit être une langue d’avenir, en Amérique comme ailleurs.

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