En cette année du centenaire de la Première guerre mondiale, il ne faut pas oublier la contribution importante du Canada et des Canadiens-français dans l’effort de guerre aux côtés des troupes de l’empire britannique et de la France.
En tant que colonie britannique, le Canada est engagé dés 1914 dans la guerre. Les soldats canadiens combattent pendant tout le conflit. Sur une population totale de huit millions, plus de 600.000 soldats servent dans le Corps expéditionnaire canadien et 60.000 tombent sur les champs de bataille du nord de la France et dans les Flandres. Plus de 154.000 soldats canadiens sont blessés.
Le 1er juillet 1916, les forces franco-britanniques lancent une grande offensive sur le front de Somme. Le 15 septembre, les troupes canadiennes prennent la relève d’une partie du corps britannique. Le 22ème Bataillon canadien-français reçoit l’ordre d’attaquer un secteur délimité par les villages de Flers et de Courcelette, puis de prendre et tenir cette position. Pendant cette attaque meurtrière, le 22ème Bataillon perd le tiers de ses hommes. Après trois jours de combat, le bataillon atteint son objectif mais les pertes sont considérables. De nombreux journaux rendent hommage à ce brillant fait d’armes des Canadiens-français.
Après les durs combats du 22ème, le bataillon francophone reçoit l’ordre de participer à la bataille de Vimy. Les tentatives des Alliés pour prendre d’assaut la crête de Vimy ont échoué plusieurs fois au prix d’énormes pertes dans les troupes françaises et britanniques. Les Canadiens ont payé un lourd tribut à la bataille d’Ypres (avril 1915), au Mont Sorel (juin 1916) et à Beaumont-Hamel en juillet 1916. Au printemps de 1917, aucun adversaire n’ayant réussi à s’imposer sur le front, les Alliés préparent une grande offensive dans la région d’Arras. Les soldats canadiens sont chargés de prendre la crête de Vimy. Le 9 avril 1917, à 5h30, les quatre divisions canadiennes et une brigade britannique partent à l’assaut de la crête. L’opération a été longuement préparée et, précédée d’une semaine de bombardements intenses. Une première vague de 20.000 hommes s’élance et, malgré les lourdes pertes subies, d’autres assauts meurtriers se succèdent sans relâche jusqu’à la prise de la « côte 145 », le 10 avril au matin. Les troupes allemandes sont obligées de battre en retraite. Au total, la bataille de Vimy est responsable de 3.578 morts et 7.000 blessés dans les troupes canadiennes.
En 1914, le Canada étant donc une colonie britannique, l’armée canadienne est sous le commandement d’officiers anglophones. Au début de la guerre, les Québécois sont dispersés dans diverses unités anglophones. Mais, grâce au combat de certains chefs de file canadiens-français, le gouvernement fédéral canadien et l’état-major autorisent la formation d’unités francophones, dont le célèbre 22ème Bataillon, sous commandement d’officiers canadiens-français. Ce bataillon francophone réalise de nombreux faits d’armes très glorieux pendant toute la durée de la Première guerre mondiale, mais le bilan est lourd avec plus de 1.000 morts et 3.000 blessés.
Après une occupation en Allemagne dans la région de Bonn, le Bataillon rentre au Canada en 1919 et se trouve dissout rapidement. Étant le seul bataillon francophone de tout l’empire britannique, et du fait donc de ses origines canadiennes-françaises, ce bataillon a été souvent surveillé, réprimandé, critiqué par l’État-major de l’Armée canadienne dirigée par des officiers anglophones.
Avec l’enlisement de la guerre, des mouvements de protestation s’étaient également déclenchés au sein de la population québécoise et les vieilles rancœurs entre les deux communautés francophones et anglophones avaient resurgi, surtout, lorsque les autorités britanniques et le gouvernement fédéral canadien avaient voulu avoir recours à la conscription.
En août 1917, le gouvernement de Robert Borden dépose une loi sur le service militaire, ce qui lui donne la possibilité d’enrôler des hommes célibataires de vingt à vingt-cinq ans pour servir sur les fronts de l’empire britannique. Des émeutes contre la conscription ont lieu à Montréal et à Québec en 1918 et les troupes coloniales anglo-canadiennes tirent sur la population francophone. A cette époque, la majorité des Québécois supporte difficilement le régime colonial anglo-canadien et n’ont que peu d’attachement envers la Couronne britannique. Le mouvement syndical canadien est également opposé à la conscription imposé par Ottawa.
En 1914, le Canada était entré dans la guerre comme colonie britannique, mais lors du Traité de Versailles de 1919, le Canada devient une puissance signataire du traité de paix en restant toutefois un Dominion de l’Empire britannique.