* Illustration : Fresque de l’église Sainte-Anne-de-Beaupré par Marius Dubois (2005) et illustrant la proximité de Monseigneur de Laval avec les Amérindiens.
Non loin du pays de Frontenac à Palluau-sur-Indre, l’abbaye Saint-Pierre de Méobecq, aux confins du Berry et de la Touraine, perpétue le souvenir d’un de ses anciens abbés, un grand homme de l’Église catholique et tout premier évêque de la Nouvelle-France : Monseigneur François de Montmorency-Laval (1623-1708).
C’est à Montigny-sur-Avre, dans le diocèse de Chartres (actuellement en Eure-et-Loir), que naît le 30 avril 1623 François, issu d’une très ancienne et puissante famille de la noblesse française, les Montmorency-Laval. Il est baptisé dans l’église Saint-Martin de ce village du Thymerais, très proche de la Normandie. Après des études de littérature, de philosophie et de théologie au collège de La Flèche, François de Laval montre très vite un intérêt pour les missions au Canada français. Il est ordonné prêtre en la cathédrale Notre-Dame d’Évreux le 1er mai 1647 et passe d’abord cinq années dans le diocèse d’Évreux en Normandie.
Après une première possibilité de mission en Asie orientale au Tonkin, Monseigneur François de Montmorency-Laval, qui fait partie des quatre premiers vicaires apostoliques des Missions Étrangères de Paris (MEP), est nommé pour une mission au Canada français. Depuis la fondation de Québec en 1608 par Samuel de Champlain, le territoire de l’Amérique française n’a pas de diocèse et on se demande s’il faut rattacher la Nouvelle-France à un diocèse de France ou bien en créer un nouveau. François de Laval est en tous les cas d’abord nommé "évêque in Partibus" de Pétrée (Pétra en Jordanie), un titre honorifique nécessaire car le diocèse de Québec n’existe pas encore, et il devient vicaire apostolique de Québec.
François de Laval embarque en 1659 pour Québec à l’âge de 36 ans. Avant d’arriver à Québec le 16 juin, il fait escale à Percé où il célèbre sa toute première messe en Amérique le 16 mai 1659. Il est accueilli avec enthousiasme en Nouvelle-France, notamment par le gouverneur à cette époque qui est alors Pierre de Voyer d’Argenson (1625-1710). Bien entendu, les relations sont plus difficiles quand Louis de Frontenac devient gouverneur de la Nouvelle-France en 1672.
Monseigneur de Laval, qui devient officiellement évêque de Québec le 1er octobre 1674 lors de la création officielle du diocèse de Québec par le pape Clément X, crée très vite au Canada français un séminaire puis de nombreuses écoles, et forme l’une des trois principales autorités de Nouvelle-France avec l’intendant et le gouverneur. Pour cette raison, il siège au Conseil souverain de Québec, l’équivalent des parlements en France. Son influence aura été considérable dans l’histoire des débuts du Canada français, il laisse son nom à de multiples lieux dont la ville de Laval près de Montréal et l’université Laval de Québec, l’une des plus anciennes universités en Amérique du Nord. Il est aussi le créateur de la fête de la Sainte-Famille le 4 novembre. Monseigneur Jean-Baptiste de Saint-Vallier (1653-1727) lui succède en 1688 mais François de Laval reste à Québec où il meurt le 6 mai 1708.
Béatifié le 22 juin 1980 par le pape Jean-Paul II en même temps que Marie de l’Incarnation, François de Montmorency-Laval est canonisé le 3 avril 2014, dans une grande discrétion, par le pape François à Rome dans le cadre d’une canonisation équipollente. Monseigneur de Laval repose dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame de Québec aux côtés de plusieurs gouverneurs de la Nouvelle-France dont Louis de Buade comte de Frontenac.
Acte de sépulture de Monseigneur François de Montmorency-Laval en date du 9 mai 1708 dans le registre paroissial de la cathédrale Notre-Dame de Québec. |