Jean Baptiste Pointe du Sable (parfois orthographié Point DuSable ou Point de Sable) serait né en 1745 à Saint-Marc, sur l’île de Saint-Domingue, comme on appelait Haïti à l’époque française. On n’est pas sûr du tout ni de son lieu de naissance, ni de sa date de naissance ou de baptême, ni même du nom de ses parents (Du Sable était un surnom). En cherchant dans le registre de la paroisse de Saint-Marc, aux archives nationales d’Outre-Mer, on peut toutefois trouver en date du 11 avril 1745 l’acte de baptême suivant :
- Timbre américain à l’effigie de Jean-Baptiste Pointe du Sable
- Poste américaine
Certains historiens, à l’image du "Jean-Baptiste" décrit par cet acte de baptême, indiquent que son père est un marchand français originaire de la Nouvelle-France et sa mère un femme esclave en Haïti. Du Sable était lui-même un homme libre.
Accompagné de son père, Jean-Baptiste Pointe du Sable fait une partie de ses études en France. On le décrit comme étant de belle apparence et particulièrement intelligent, parlant le français avec éloquence.
Jean-Baptiste s’installe ensuite en Louisiane, d’abord à la Nouvelle-Orléans puis à Saint-Louis. En 1779, il crée un comptoir commercial près de la rivière Chicago. Pourtant, la région n’était pas hospitalière, à cause en particulier du climat humide et des marécages. Le comptoir de Du Sable sert rapidement à ravitailler les coureurs des bois, mais aussi les trappeurs, les marchands et les Amérindiens.
Dans l’église catholique de Cahokia (Illinois), Jean-Baptiste épouse en 1778 Kittihawa (Catherine), la fille d’un chef indien Potawatomi, avec laquelle il a deux enfants : Jean et Suzanne. En 1796, Suzanne naîtra dans la maison familiale et il s’agira de la première naissance enregistrée à Chicago. L’union du couple représentera également le premier mariage de cette ville.
- Jean-Baptiste Pointe du Sable devant le site de "Checagou"
- Enveloppe premier jour Poste américaine
Jean-Baptiste Pointe du Sable travaille à la traite des fourrures avec les Amérindiens qui appelaient le site Checagou dont la signification est "oignon sauvage". Il est important de souligner que Chicago forme à l’époque un point stratégique lors de la révolution américaine. Le site de Checagou, futur Chicago, est depuis très longtemps connu des Français : ainsi, il est exploré par le Père Jacques Marquette en 1674 et on trouve mention de Fort Chécagou par exemple dans la carte de la Nouvelle-France de 1688 établie par l’hydrographe et cartographe français Jean-Baptiste Louis Franquelin.
Pendant la guerre d’indépendance américaine (1776-1783), Jean-Baptiste Pointe du Sable combat aux côtés des Français et des Américains. Avec l’aide des Amérindiens, il résiste aux Britanniques. Il est fait prisonnier par les Anglais et enfermé pendant un an à Détroit, puis enfin libéré. Il est décrit par les Anglais comme un "bel homme, très érudit" mais "qui se rangeait du côté des Français" !
Après l’indépendance des États-Unis, Du Sable est à la fois explorateur et pionnier (premier propriétaire d’une résidence à Chicago), distillateur, collectionneur et entrepreneur. Il fait plusieurs voyages lui permettant d’étendre ses connaissances. Il se rend notamment au Canada afin de se procurer de la fourrure et il reste très lié aux Français de la Nouvelle-France. Du Sable meurt à Saint-Charles, dans le Missouri, le 28 août 1818 et il est enterré le 29 août 1818 dans le cimetière de la paroisse.
Acte de sépulture de Jean-Baptiste Pointe du Sable
Jean Baptiste Point de Sable Le 29ème d’août 1818 fut inhumé dans le cimetière de la paroisse Jean Bte Point de Sable, Nègre, décédé le 28ème de ce mois. L’original de cet acte est en français dans les registres paroissiaux de l’église catholique Saint-Charles Borromée, et il a été traduit en anglais dans un livre sur l’histoire de la paroisse : |
- Buste inauguré à Chicago en 2009
En 1968, Jean-Baptiste Pointe du Sable est officiellement reconnu comme le fondateur de la ville de Chicago, Father of Chicago. En 1961, un musée, le DuSable Museum of African-American History, est créé officiellement à Chicago en l’honneur de Jean Baptiste Pointe Du Sable. Il s’agit du premier musée afro-américain et de l’un des plus importants aux États-Unis. En 1987, l’US Postal Service émet un timbre à son effigie dans la série Black Heritage USA.
En octobre 2009, la ville de Chicago inaugure une statue en son honneur, près de l’Avenue du Michigan, où a été fondée la ville.
Le personnage de Jean Baptiste Pointe Du Sable est fascinant car il témoigne de la diversité et de la richesse de l’histoire afro-américaine qui ne se limite pas à l’esclavage. Le fondateur de Chicago incarnait le génie et l’importante contribution des explorateurs qui ont découvert, façonné et construit l’Amérique. Ses racines françaises, afro-haïtiennes, noires américaines, canadiennes et louisianaises le rendent aussi très représentatif de l’Amérique française et de notre association !