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Saint-Pierre-et-Miquelon, la France en Amérique du Nord

vendredi 4 septembre 2009, par Nicolas Prévost

La Place du Général de Gaulle à Saint-Pierre

Un archipel au large de Terre-Neuve

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Saint-Pierre-et-Miquelon est un archipel de 242 km² peuplé d’environ 7200 habitants, à 25 km de Terre-Neuve. Il est composé de trois îles principales (Saint-Pierre, Langlade, Miquelon), auxquelles il faut rajouter d’autres petites îles (Île aux Marins, Île aux Pigeons, Île aux Vainqueurs, Grand-Colombier, Veaux-Marins). L’Île Verte marque la frontière entre la France et le Canada (Terre-Neuve).

Saint-Pierre (26 km²) est la partie la plus peuplée (6500 habitants), c’est ici que se trouve le chef-lieu administratif.

Miquelon (110 km²) compte 700 habitants et est reliée à Langlade (91 km²) par un isthme de sable avec dans sa partie nord une lagune salée. Langlade ne compte pas d’habitants permanents.

Statut administratif

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Saint-Pierre-et-Miquelon, terre de France
Comité régional du tourisme de Saint-Pierre-et-Miquelon

Saint-Pierre-et-Miquelon, français depuis 1536, est devenu un département d’outre-mer en 1976 puis une collectivité territoriale à statut particulier en 1985. Il est composé de deux communes : Saint-Pierre et Miquelon-Langlade.

Le Préfet, représentant de la République française, réside à Saint-Pierre. L’archipel est doté d’un Conseil Général composé de 19 membres : assisté d’un comité économique et social, il a des compétences propres en matière fiscale, douanière, de logement et d’urbanisme.

L’archipel est représenté par un député et un sénateur.

Histoire

Les origines

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Carte des "Isles" Saint-Pierre-et-Miquelon
Carte de Jacques-Nicolas Bellin (1764) (Cliquez pour agrandir)

Dès le début du XVIème siècle, des pêcheurs normands et bretons viennent pêcher dans les environs de l’archipel. En 1520, le navigateur portugais José Alvarez Faguendes (João Alvares Fagundes) nomme l’archipel « Île des Onze Mille Vierges ».

En 1536, Jacques Cartier, avec ses deux bateaux, la Grande Hermine et l’Émerillon, séjourne sur l’île et en prend possession au nom du roi de France François Ier. Mais ce n’est qu’en 1604 qu’est fondée la ville de Saint-Pierre. À partir de 1662, Saint-Pierre-et-Miquelon est administré par le gouverneur de Terre-Neuve, qui siège à Plaisance. Une intense activité de pêche s’organise dans la région. Mais très vite, cette partie de la colonie s’affaiblit, en particulier à cause des faibles ressources agricoles.

Les conflits incessants

De 1690 à 1814, l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est pris plusieurs fois par les Anglais et à quatre reprises totalement dévasté. En 1713, lors du traité d’Utrecht, la population de Saint-Pierre est déportée à l’île Royale. En 1763, lors du traité de Paris, la France récupère son archipel et quelques Acadiens, victimes de la déportation de 1755 (le « Grand Dérangement ») y trouvent refuge. Mais en 1778, alors que la France est alliée des Américains lors de leur guerre d’indépendance, les Britanniques envahissent temporairement l’île et y déportent à nouveau tous les habitants. Ils recommencent en 1793 pendant la Révolution française. Il faut attendre 1815 pour que Saint-Pierre-et-Miquelon devienne définitivement française.

De la reconstruction à la Prohibition

En 1816, tous les anciens habitants et leurs familles reviennent s’installer sur l’île, mais il débarque sur un endroit désert car tout avait été totalement rasé par les Britanniques. De plus, à plusieurs reprises au cours du XIXème siècle, des incendies ravagent la ville de Saint-Pierre, rendant la colonisation de l’île vraiment difficile. De plus, les pêcheurs de Terre-Neuve contestent les droits de pêche des Français, qui perdent une partie de leurs droits en 1904.

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Entre 1920 et 1933, Saint-Pierre-et-Miquelon « bénéficie » des conséquences de la Prohibition aux États-Unis. Les îles sont fréquentées par de nombreux bateaux qui livrent d’énormes quantités d’alcool, transportées ensuite clandestinement sur le continent nord-américain. Ce trafic rapporte beaucoup d’argent à l’archipel, mais cesse en 1933.

La France Libre

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Timbre de Saint-Pierre-et-Miquelon, oblitéré « France Libre »

Après la défaite de la France en juin 1940, les îles sont malgré elles soumises à l’autorité de fait dite « gouvernement de Vichy ». Mais le 24 décembre 1941, trois corvettes et un sous-marin des Forces Navales Françaises Libres commandées par l’amiral Muselier prennent le contrôle, au nom du Général de Gaulle et de la France Libre, des îles de Saint-Pierre-et-Miquelon. Le lendemain, 25 décembre, un référendum permet à la population locale de plébisciter son ralliement à la France Libre. Ce sont les réactions des autorités américaines qui déclenchent « l’Affaire de Saint-Pierre-et-Miquelon ».

En effet, le 25 décembre, le secrétaire d’État américain envoie un télégramme à l’ambassadeur des États-Unis auprès du gouvernement de Vichy, où il réclame le retour au statu-quo et dénonce les « navires soi-disant Français libres » (so-called Free French ships). Cette formule déclenche une tempête de protestations dans les milieux médiatiques et intellectuels américains, choqués que l’on puisse traiter de cette manière la France Libre et les gaullistes. Beaucoup d’Américains écrivent alors des lettres de réprobation au « So-called Department of State » (soi-disant Département d’État) !

Mais, très vite, les choses se calment. Et le jour même de la libération de l’archipel le 25 décembre 1941, Charles de Gaulle envoie ce télégramme à l’amiral Muselier :

« Veuillez dire à la population des îles Saint-Pierre et Miquelon, si chères et si fidèles à la France, toute la joie que la nation ressent à les voir libérées. Saint-Pierre et Miquelon reprennent vaillamment avec nous et avec nos braves alliés le combat pour la libération de la Patrie et pour la liberté du monde. Vive la France ! »

Le général de Gaulle gardera toujours un souvenir ému de cet épisode. Le 20 juillet 1967, avant sa visite mémorable au Québec, il effectuera une escale à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Département d’Outre-Mer puis Collectivité territoriale

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En 1946, l’archipel devient un Territoire d’Outre-Mer (TOM). Puis, en 1976, il devient un Département d’Outre-Mer (DOM). Mais ce nouveau statut de territoire économique de l’Union Européenne n’est pas favorablement accueilli par la population, parce qu’il perturbe l’économie locale en rendant plus difficile les échanges avec l’Amérique du Nord toute proche. De plus, à partir de 1977, un violent conflit oppose le gouvernement français et canadiens au sujet des 200 milles marins que réclament les deux pays pour leurs côtes. De ce fait, en 1985, Saint-Pierre-et-Miquelon devient une Collectivité territoriale à statut particulier.

Aujourd’hui, différentes mesures sont mises en place pour lutter contre le chômage et aider les 7.000 habitants de l’île à avoir une vie plus agréable.

Un timbre Frontenac à Saint-Pierre-et-Miquelon

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