mardi 21 avril 2015
Le doux regard que nous échangeâmes, et le sourire que je vis sur son visage, me laissèrent augurer que la journée allait être belle. Nous partîmes par les chemins de traverse, marchant à travers champs, nous tenant par la main et nous disant ingénument de ces choses incongrues que se disent les amoureux. C’était l’époque où la nature révélait ses charmes. La canne à sucre était en fleurs et les champs immenses comme couverts d’une brume rosée, d’où s’échappaient, emportés par la brise légère, des petits flocons qui se répandaient dans les plaines d’alentour. Des îlots de fleurs avaient poussé le long de la sente où nous marchions, et nous voyions des cortèges de monarques, s’en allant de leur vol léger, parader au-dessus de ces énormes bouquets. Par moments, la jeune fille, s’arrêtait, cueillait une fleur, en humait le parfum avant de me dire « Comme cela sent bon, mon Piquant ! »
Dans un style très flamboyant, une écriture très fluide et très imagée, l’auteur, Pierre-Marie Blanchenet, nous emmène dans un univers où diablesses, lycanthropes et autres créatures mystérieuses, s’en vont, à la clarté de la lune, s’acquitter du sort de leurs victimes ; une société où les moeurs et les coutumes s’affaiblissent sous le poids de la modernité, où les morts ont encore leur veillée, où les ouragans toujours se déchaînent, où les voisins souvent se querellent. A travers cet ouvrage, l’auteur se livre à une subtile description de certains aspects de la société antillaise.
Pierre-Marie BLANCHENET, Samedi, jour de pourceaux, Aix-en-Provence, Éditions Persée, 2014.